Vu de l’extérieur, tout paraît chouette ! Les commerçants sont installés, chacun sous son stand à la place Tabéra où se bousculent visiteurs et vendeurs. Mais cette foire internationale de Parakou vantée comme le carrefour économique, n’en est pas un, du moins l’occasion est loin de combler les manques. Une prise de contact avec les forains permet de réaliser qu’en dehors des stands de boissons où ça ingurgite sans modération l’alcool, le reste n’est que du vernissage.
«Il y a des tissus et des chaussures de bonne qualité pour vous messieurs», lance une vendeuse, la trentaine que nous (l’équipe de LeParakois) visitons ce vendredi 24 décembre 2021. Debout au milieu des articles soigneusement rangés, Fousséna, la trentaine nous accueille à son stand, toute souriante. L’éclat du visage à l’accueil s’efface pour laisser place à une mine serrée quelques minutes après. «Vraiment ça ne va pas, il n’y a pas de marché. Depuis que je suis venue à la foire, les clients ne viennent pas», se plaint-elle. L’interlocutrice de LeParakois semble regretter sa participation à ce rendez-vous commercial auquel étaient annoncés près de sept mille forains.
Comme Fousséna, plusieurs autres forains rencontrés sur place, disent leurs peines à attirer les clients. «Les clients se font vraiment rares actuellement, pourtant nos prix sont abordables», selon Koudjo, vendeur de divers. «Ce n’est pas évident que l’on s’en sorte avec une telle situation de mévente », regrette-t-il avant de souligner que la place lui a coûté 60 000 FCFA. Toutefois, ils se nourrissent d’espoir de faire des profits au cours de la dernière semaine. «Les seuls heureux pour le moment, c’est ceux qui vendent des jouets pour les enfants, et les buvettes», nuance Madjidou, un autre forain vendeur de bijoux, rencontré à la veille de la fête de Noël.
Pourtant, la place Tabéra reçoit des visiteurs. Selon quelques-uns d’entre eux, les produits exposés sont attrayants mais leur splendeur ne suffit pas. La capacité financière des visiteurs compte également. Selon les confidences la morosité économique reste le véritable handicap. «Je suis venu nourrir mes yeux. Il y a de très bonnes choses mais sans argent, qu’est-ce que je peux faire ?», confie Philippe Coffi que nous avons croisé dans les allées de la foire. «Je vais acheter des amuse-gueules à la fin de notre promenade», déclare une personne en compagnie de ses deux enfants.
«Mais franchement, c’est beau…. malheureusement impossible d’en acheter», apprécie Bah Bio devant un stand de chaussures en cuir dont les prix varient entre 20 000f et 50 000f. Cette constance dans les témoignages révèle que la situation ne fait pas bonne mine chez les forains de Parakou. Cependant, du côté des points de vente des boissons, l’alcool coule à flot.