Le 28ème sommet Afrique-France a eu lieu le 8 octobre à Montpellier en France. Un sommet atypique car, contrairement aux précédents qui regroupaient les chefs d’Etat africains autour de leur homologue français, cette année, Emmanuel Macron s’est réuni avec des jeunes africains et français pour tenter de redéfinir les relations entre la France et l’Afrique.
En vu de ce sommet nouveau format de Montpellier qu’il souhaite de « rupture radicale par rapport aux 27 sommets précédents », le chef de l’Etat français a confié à l’historien et politologue camerounais Achille Mbembe la mission de préparer en amont les échanges lors du sommet.
C’est ainsi qu’il a entrepris un cycle de discussions dans douze pays africains et au sein de la diaspora. Ainsi, 65 rencontres et débats (auxquels plus de 3 600 personnes ont participé) ont eu lieu dans les douze pays africains choisis et une dizaine dans plusieurs villes de France au sein de la diaspora.
Des débats qui ont porté sur divers thèmes : santé, environnement, éradication de la pauvreté lutte contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition, restitution et circulation des objets d’arts africains, égalité entre femmes et hommes, entrepreneuriat et innovation, mobilité, transition numérique, franc CFA, industries culturelles, aide publique au développement, accords de défense et de sécurité, interventions militaires, etc.
Des propositions innovantes
Achille Mbembe vient donc de rendre son rapport au président Emmanuel Macron.
Un rapport de 142 pages intitulé : « Les nouvelles relations Afrique-France : relever ensemble les défis de demain ».
Après avoir fait l’état des lieux des relations entre l’Afrique et la France, l’intellectuel camerounais a fait 13 propositions pour la « refondation » de ces relations. Il s’agit de :
- Créer le fonds d’innovation pour la démocratie
Un fonds qui vise à accompagner la montée en compétences des acteurs des sociétés civiles africaines par le bais d’initiatives innovantes de promotion de la démocratie et de renforcement de l’Etat de droit. - Bâtir la maison des mondes africains et des diasporas
Cette maison sera un grand lieu de création, d’expérimentation et de transmission des savoirs ouvert à tous les publics. - Enclencher le programme campus nomade
Un programme qui doit être conçu comme réponse directe à l’extraordinaire demande de mobilité, de circulation et de connaissance qui travaille les nouvelles générations africaines et françaises dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche. - Initier le forum euro-africain sur les migrations
Pour servir de cadre de dialogue et d’information sur les migrations. - Lancer la « plateforme » de débats Afrique-France
Ce sera une plateforme permanente d’échange et d’interaction sur de nouveaux combats communs. - Relancer la dynamique de restitution et expérimenter les musées de demain
Suggestion de création ou de renforcement, dans les deux prochaines années, en lien avec le réseau culturel des Instituts français et des Alliances, de trois lieux culturels africains dédiés à la création, à la recherche et à la formation. - Accompagner la jeunesse africaine vers l’emploi
Proposition d’orienter résolument la diplomatie économique française et la coopération universitaire en faveur de la formation professionnelle et du compagnonnage. - Créer une commission intercontinentale sur la transparence économique
Une instance qui établirait une cartographie des investissements et de la présence économique internationale sur le continent africain, sur la base des déclarations des entreprises. - Développer le programme « start-ups Africa France »
Ce qui constituera une véritable initiative d’échanges entre acteurs africains, français et européens, de l’innovation. - Faire entendre la « Voix de l’Afrique » sur le climat et la biodiversité
Car la lutte contre le dérèglement climatique et la protection de la biodiversité constituent les premiers des grands défis à relever pour construire la nouvelle relation entre l’Afrique et la France. - Transformer l’aide publique au développement
Il faut une transformation profonde de la politique d’aide au développement pour lever certaines équivoques. - Tisser un nouveau narratif entre l’Afrique et la France
L’historien plaide pour la création d’une commission composée d’historiens africains ou franco-africains avec pour mission d’écrire une « nouvelle histoire des relations entre l’Afrique et la France ». - Refonder les relations avec l’Europe du XXIème siècle
Achille Mbembe propose le principe d’un Acte fondateur en 2022 entre l’Afrique et l’Union européenne pour donner un nouveau souffle après les accords de Lomé et de Cotonou (2000-2020).
Source extérieure