A l’instar des autres pays africains, le Bénin regorge de plusieurs textes de lois et règlements qui régissent les droits à la santé sexuelle et de reproduction. Force est de constater que ces lois ne sont malheureusement pas vulgarisées et appliquées de façon convenable, du moins elles sont très peu connues du grand public.
Une poignée de personnes ont connaissance de l’existence de leurs propres droits en matière de santé sexuelle et de reproduction. A cet effet, une question essentielle se pose : A qui la faute ? L’article 9 de la Déclaration des droits sexuels de l’IPPF stipule que : « Toute personne a le droit de choisir de se marier ou non, de fonder ou non une famille, de décider d’avoir ou non des enfants, de décider ou non en toute responsabilité du nombre de ses enfants et de l’espacement des naissances et ce dans un environnement où les lois et politiques reconnaissent la diversité des formes des familles y compris celles non définis par la descendance ou le mariage.»
Les Droits à la Santé Sexuelle et de Reproduction (DSSR) rangés aux oubliettes.
Au Bénin, principalement dans la partie septentrionale du pays, 2 jeunes sur 5 rencontrés dans le cadre de cette enquête, savent à peine leurs droits en matière de santé sexuelle et de reproduction. Les adolescents et jeunes n’ont pas accès aux sources fiables d’informations en santé sexuelle. Tout porte à croire que les pesanteurs socioculturelles affectent l’éducation à la santé sexuelle des jeunes au Bénin. Pour Rodrigue, un jeune de 24 ans, quand on parle de droits à la santé sexuelle et de reproduction c’est: ‘’ avoir le droit d’être satisfait sexuellement par sa partenaire.’’
Pourtant, les DSSR vont au-delà de cet aspect que ce dernier évoque. Aujourd’hui, de nombreux pays y compris le Bénin peinent à faire respecter les DSSR au quotidien. Ce qui fait qu’on enregistre chaque jour des cas de stigmatisations, de violences, de discriminations de façon générale dans le rang des jeunes, les personnes vivantes avec un handicap, les LGBTQI. Certes des textes de lois sur les DSSR existent mais qu’en est-il de leur application ?
« Il y a par endroit beaucoup d’efforts à faire pour pouvoir diffuser les informations liées aux droits sexuels parce-que quoi qu’on dise, malgré l’existence de ces lois, il existe des communautés où des jeunes subissent toujours des situations qui vont à l’encontre des principes établis par les droits sexuels… Des jeunes qui sont mariés de force… il y a des jeunes qui sont violés, il y a des jeunes qui subissent des discriminations à tout moment… » dixit Yann KOUNDE, spécialiste communication santé et reproduction des adolescents et jeunes à l’Association Béninoise pour le Marketing Social et la Communication pour la Santé (ABMS).
Il faille donc ressortir les différents textes de lois et règlements votés et adoptés par les Etats et les organisations, les épousseter et veiller à leur application.
L’accès limité aux services de planification familiale au Bénin.
Malgré les efforts consentis par le gouvernement béninois et les organismes internationaux, l’état des lieux sur la planification familiale est loin d’être reluisant. Sur dix ménages interrogés, à peine un a opté pour une méthode contraceptive. Dans les zones reculées du pays, le constat est encore alarmant surtout avec le contexte de la Covid- 19. Les familles rurales sont jusqu’à ce jour réticentes sur le choix qu’en bien même éclairé sur les méthodes de contraception.
Ce qui entraine des naissances non espacées et une croissance démographique accélérée. En zone urbaine, l’on pense savoir se contrôler pour éviter les grossesses précoces et non désirées mais les résultats démontrent le contraire. «Je regrette d’être tombé enceinte. J’étais en deuxième année d’université. A cause de la grossesse, j’ai connu un retard dans mes études. Pourtant j’étais sûre de ne pas tomber enceinte avant d’avoir ma licence » confie Aimée avec tristesse. Chaque année, de milliers de préservatifs puisque c’est le contraceptif le plus connu sont déployés sur le territoire national. Mais là encore son utilisation par les couples sexuellement actifs laisse à désirer.
Le dialogue parent-enfant et l’intégration de l’ESS dans le programme d’étude des apprenants pour l’éradication des maux qui minent la planification familiale et les DSSR en général.
Face à cette situation, les communicateurs en santé sexuelles et de reproduction préconisent a priori le ‘’dialogue parent-enfant’’. Quoi qu’on dise, les parents sont les premiers responsables de l’éducation des enfants. A côté du dialogue parent-enfant, chaque Etat devrait envisager l’intégration de l’Education à la Santé Sexuelle (ESS) dans le programme d’étude des apprenants.
Cela permettrais d’une part de briser le tabou et d’autre part de créer un environnement de confiance afin d’éradiquer tout les maux liés aux DSSR en général et à la planification familiale en particulier.
Aoulatou OSSENI