Quatre ans après le démarrage du projet « Bénin taxi », les fruits ne tiennent pas pour le moment la promesse des fleurs. Beaucoup de conducteurs disent avoir d’énormes difficultés à honorer les engagements financiers pris envers la structure gestionnaire de cette initiative gouvernementale qui a démarré depuis 2017. Deux de ces conducteurs rencontrés dans la ville de Cotonou livrent leurs impressions sous anonymat.
Conducteur 1, la trentaine révolue : « Je suis vraiment endetté »
Nous pouvons dire d’entrée que le projet « Bénin Taxi » est une bonne initiative. Il peut contribuer à l’amélioration du transport urbain et de l’image des grandes villes béninoises. Mais il faudra revoir beaucoup de choses et réfléchir sur les conditions des conducteurs actuellement. C’est une expérience et il est normal qu’elle connaisse des difficultés.
Sans mentir, aucun de nos collègues ne peut réellement s’en sortir de lui-même avec les conditions actuelles. Sauf ceux qui ont obtenu le soutien de parents ou des prêts. Pour un contrat portant sur 12 millions FCFA, nous devons payer une moyenne de 10.000 F par jour. Mais la situation socioéconomique délicate ne permet pas aux clients de nous solliciter. Même beaucoup de ceux qui avaient recours à nos services au début sur la base d’un « contrat » ont déchanté surtout à cause du coût de revient. Etant donné que nous vivons dans le même pays, nous les comprenons. Nous sommes dans la désolation. Je ne suis plus en mesure de payer. Je dois des millions à l’Etat. Je suis vraiment endetté. Je ne gagne pas de salaire. Je gagne en fonction du travail que je fais chaque. Au début ça allait bien, mais aujourd’hui, il n’y a plus de client. Je reste sur place en longueur de journée. Il y a un manque de publicité. Les autorités n’ont pas tenu leur promesse de soutien pour nous faciliter la tâche. Au début de ce projet, les responsable nous ont rassuré qu’on allait trouver beaucoup d’argent et nous serons très heureux. Et voilà, je suis un débiteur insolvable. Il y a plusieurs démissions qui ne peuvent pas être remplacées.
Cette activité sera rentable si les autorités nous accompagnent en ouvrant les portes.
Conducteur 2, la trentaine environ, résidant à Abomey-Calavi : « Vraiment ce travail est désolant. Je n’arrive pas à m’en sortir »
Nous avions bien commencé le projet. Dans le contrat, il est prévu que nous payons chaque jour mais beaucoup parmi nous ne parviennent pas à honorer cet engagement. Moi, je n’arrive pas à payer régulièrement selon les clauses. Avant les agents venaient chercher l’argent sur le terrain. Aujourd’hui, c’est à la banque qu’on fait le virement.Présentement, je ne suis pas vraiment à jour. Je dois beaucoup à l’Etat. C’est pour cela que nous ne payons plus tous les jours les redevances à l’Etat. Et les dettes s’accumulent au jour le jour. Vraiment ce travail est désolant. Je n’arrive pas à m’en sortir avec les conditions actuelles. Beaucoup comme moi regrettent d’avoir embrassé ce travail de taxi. Les conditions sont difficiles et les clients sont difficiles à trouver. Pour mon taxi, tout est à ma charge. Les visites techniques, l’entretien, l’assurance et autres réparations sont pris en compte par moi-même. Je fais des prêts pour faire face à ces dépenses alors qu’il n’y a pas de boulot. Les conditions ne sont pas favorisées pour nous permettre de trouver des clients. Je quitte Godomey pour venir chercher des clients en ville à Cotonou, avec tous les embouteillages matinaux. Notre parcking de garage de véhicules se trouve à Arconville. Chaque matin je prends Zémidjan pour aller chercher le taxi et je débourse 1200 FCfa pour aller-retour. Si un client m’appelle tôt le matin, je mets du temps avant d’aller de le chercher. Dans cette condition, les clients se découragent.
Je souhaite que les décideurs nous accompagnent pour favoriser les activités. Ils doivent revoir le fonctionnement du système en prenant en charge certaines dépenses comme entretien de véhicules.