Reckya Madougou aura bientôt du soutien de certains Présidents de la sous-région ouest africaine. L’opposante est en prison pour financement de terrorisme depuis quelques semaines et depuis son dossier semble être renvoyer aux calendes grecques. Mais, petitement, le lobbying pour sa libération se prépare en silence. Juste une question de jours.
Reckya Madougou, opposante à Patrice Talon, est incarcérée depuis le 5 mars pour “financement du terrorisme”. Le sort de cette ancienne ministre béninoise, liée à plusieurs chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest, mobilise les présidences de la région.
Refusant d’aborder lui-même le sort de celle qui fut sa conseillère avec son homologue béninois Patrice Talon, le président togolais Faure Gnassingbé a discrètement sollicité plusieurs chefs d’État de la région, parmi lesquels le président nigérian Muhammadu Buhari, pour qu’ils intercèdent auprès du palais présidentiel de Cotonou en faveur de Reckya Madougou, candidate à la présidentielle au Bénin arrêtée le 5 mars et détenue depuis à la prison de la ville portuaire de Missérété. Avant de se lancer dans la course à la présidence, Reckya Madougou a été, pendant trois ans, la conseillère du président togolais et a, à ce titre, bénéficié d’un passeport diplomatique. Le président togolais a également alerté l’administration de Joe Biden sur le sort de l’opposante, qui mobilise déjà la chancellerie américaine à Cotonou.
Faure Gnassingbé pris entre deux feux.
Au sein du premier cercle de Faure Gnassingbé, le sort de l’opposante béninoise divise : si certains s’inquiètent que le président togolais puisse donner l’impression de se désintéresser du sort de son ex-conseillère, d’autres, au contraire, veulent éviter toute ingérence dans les affaires d’un état voisin. D’autant plus que la campagne présidentielle de Reckya Madougou au Bénin a déjà largement bénéficié du soutien du Togo, au grand dam de Patrice Talon. Le dossier est d’autant plus embrouillé que plusieurs responsables togolais, au premier rang desquels la première ministre Victoire Tomegah Dogbé, se sont agacés de l’influence dont disposait Reckya Madougou sur le président et ont multiplié les stratégies de palais pour la réduire.
Outre Faure Gnassingbé son homologue sénégalais Macky Sall, qui a écrit l’an dernier la préface d’un livre de Reckya Madougou, “Soigner les certitudes”, s’intéresse également de près au sort de l’opposante, sans toutefois vouloir donner l’impression qu’il s’ingère dans les affaires du Bénin. Les deux chefs d’Etat marchent sur des œufs, car ils savent que leur homologue béninois prend le dossier très à cœur.
Confidences irritantes
Intime de l’ancien dirigeant béninois Thomas Boni Yayi, dont elle a été deux fois ministres, Reckya Madougou a émaillé ses meetings et ses nombreuses interviews de détails glanés auprès de l’ex-président, notamment sur les conditions du retour de Patrice Talon dans le pays en 2015. Des confidences qui ont prodigieusement agacé le chef de l’Etat et qui, combinées aux moyens financiers dont disposait l’opposante pour sa campagne, ont scellé le sort de Reckya Madougou.