Matthieu Sidi, un citoyen Béninois, s’inquiète de la situation des personnes handicapées en général, et celles visuelles en particulier. Malgré les promesses des politiques ressassées chaque 03 décembre, à l’occasion de la journée mondiale dédiée à ces personnes, elles restent la risée dans l’administration publique béninoise.
Une paradoxale et insupportable situation pour plusieurs observateurs et défenseurs des droits humains, dont Matthieu Sidi qui a fait l’option d’interpeller le premier des béninois, le président de la République Patrice Talon.
Voici la lettre ouverte adressée au Chef de l’État.
SIDI Matthieu Parakou, le 03/12/2020
GSM : 97 21 01 42/64 19 05 47 A
Son Excellence Monsieur le Président de la République du Bénin
Objet : Plainte contre le supplice du chômage des personnes handicapées visuelles
Excellence Monsieur le Président de la République,
Je viens par la présente vous faire part de l’amertume des personnes handicapées visuelles de notre cher pays encore dans l’ornière du chômage, pays que vous avez tant aimé au point de ne pas ménager votre vie, vos honneurs pour le mieux-être de ses fils et filles.
Je voudrais, d’entrée de jeu louer les exploits réalisés en quatre ans de gouvernance, en évoquant notamment le vote et la promulgation de la loi n° 2017-06 du 29 septembre 2017 portant Protection et Promotion des Droits des Personnes Handicapées en République du Bénin, loi au nom de laquelle les personnes handicapées de notre pays peuvent aujourd’hui, sans craindre la moindre marginalisation, frapper aux portes d’emploi. Bien des régimes vous ont précédé, mais aucun de ceux-ci n’a posé un acte aussi juste, courageux et salutaire pour les couches sociales naguère lésées et jugées à tort indignes de participer à la construction de notre chère nation. Oui, vous avez compris que la personne handicapée n’est pas un fardeau social, mais plutôt un bâtisseur de la nation. Vous êtes celui pour qui nul n’est et ne sera de trop quand il faut parler développement.
Excellence Monsieur le Président de la République, notre pays, le Bénin a fait école dans la sous-région sur plusieurs plans, notamment économique, numérique et tout ce qui y est semblable.
Cependant, Certaines couches sociales de notre pays continuent, en dépit de ces prouesses et de cette puissante arme qu’est la loi protégeant et promouvant leurs droits d’être mises à l’écart dans le domaine de l’insertion socio-professionnelle, de retourner au crochet des parents après leurs études, engendrant regret et désespoir de ces géniteurs qui se sentent désormais trahis. Il importe pour moi de préciser que les personnes handicapées de la vue vivent davantage ce calvaire, malgré les compétences accumulées, attendant d’être mises au service de la nation. L’État investit des milliards dans le fonctionnement des différents centres de promotion sociale des aveugles.
Ces personnes sont formées dans les écoles de l’État, mais abandonnées dans la nature après études. Elles n’apportent ainsi aucun bénéfice à l’économie de notre pays. Les agents qui y travaillent, qui sont mensuellement rémunérés se désolent de voir leurs produits rejetés sur le marché d’emploi. Les plus jeunes, qui voient leurs aînés désœuvrés après études perdent du coup l’engouement d’aller à l’école. Désormais abandonnées à elles-mêmes et condamnées de ce fait à prendre leur destin en main, ces personnes, toujours pétries du talent et très créatives montent des projets jusque-là non accompagnés en dépit du fonds mis à disposition par votre gouvernement à cet effet.
L’autre frustration que connaissent les personnes handicapées au Bénin est de voir les différentes journées qui les concernent se célébrer sans une attention particulière à leur insertion socio-professionnelle, pendant que les autres journées retiennent toutes les attentions. J’en veux pour preuve, la Journée Internationale de la Canne Blanche, célébrée le 15 octobre, la Journée Mondiale des Personnes Handicapées célébrée le 3 décembre, date de rédaction de cette plainte.
Face à une telle situation, il urge, Excellence Monsieur le Président de la République, de vous appeler au secours de cette couche dont les droits sont jusque-là lésés. En ce moment, la prière de toutes les personnes handicapées en général, visuelles en particulier est, que notre pays, le Bénin, aille à l’école du Togo, de la Côte d’Ivoire, où les personnes handicapées ne sont plus différentes de celles non handicapées dans le domaine de l’insertion socio-professionnel.
Si vous croyez à la capacité des personnes handicapées en général, et celles de la vue en particulier d’entreprendre ou même de faire le champ, il serait aussi bien et juste de croire qu’elles peuvent également servir dans les bureaux comme secrétaires, directeurs, ministres, magistrats, …
Actuellement, les personnes handicapées de la vue du Bénin retrouvent progressivement leur autonomie à travers le numérique que vous promouvez dans notre pays et à l’international. Elles sont aujourd’hui capables de travailler dans les différents services de notre pays, notamment au service de la presse, du numérique, bref dans les différents ministères du Bénin. Elles peuvent également, toujours grâce au numérique, travailler à mettre sur supports audio les différentes lois en République du Bénin au profit de tous ceux qui n’ont plus le temps de lire, de ceux qui ne peuvent s’informer qu’à travers l’écoute. Tout cela constitue des emplois que je prie votre gouvernement de bien vouloir encourager et accompagner. Sur le plan culturel, les personnes handicapées visuelles constituent une grande richesse pour le Bénin.
Convaincu de votre amour inconditionnel pour notre pays et ses fils et filles, convaincu de ce que pour vous nul n’ n’est et ne sera de trop pour travailler au service du développement, convaincu de votre ouverture à la promotion des compétences, je vous prie, Excellence Monsieur le Président de la République, de recevoir mes honneurs et salutations distinguées.
Le citoyen béninois
Matthieu SIDI