Le Président du Parti National pour la Démocratie et le Développement – Hommes Modernes (PNDD-HM), Joseph Sadler rompt le silence face à l’actualité du Bénin. Dans un message adressé à ses compatriotes, ce défenseur de l’idéologie du feu Hubert Maga Père de l’indépendance béninoise, s’inquiète de la perte progressive du modèle démocratique reconnu au Bénin depuis l’historique conférence nationale des forces vives de 1990. Relevant des signes avant-coureurs d’une bataille électorale exclusive, le ”magaïste” dénonce la complicité entretenue dans un cadre institutionnel et invite les Béninois à multiplier des actions pour entre autres rétablir la constitution du 11 décembre 1990, abroger des lois conflictuelles, organiser un véritable dialogue national pour une élection présidentielle sans heurts en 2021.
LeParakois
Lire le message du Président Joseph Sadler.
BÉNINOISES ET BÉNINOIS ! CHERS COMPATRIOTES !
Alors, marche forcée vers une démocratie sans alternance… ad vitam aeternam ou pas ?
Voici donc venu pour nous Magaïstes observateurs silencieux, le moment de sortir de notre silence volontaire.
Dans notre esprit, il ne fait aucun doute qu’avec ce que nous observons depuis quelques années plus particulièrement ces quatre dernières, les actes qui se posent, les propos qui se tiennent, les textes qui se modifient au gré des humeurs sans jamais consulter les béninois comme le recommande clairement notre loi fondamentale du 11 décembre 1990, plus grave, le report des élections Présidentielles, véritable coup de grâce porté á la souveraineté de notre Conférence Nationale de 1990, sont autant de raisons de nous inquiéter, nous les Magaïstes. Vous comprendrez chers compatriotes, nous l’espérons, que nous ne puissions rester observateurs imperturbables plus longtemps, alors que tous les ingrédients d’un potentiel conflit sociopolitique se trouvent réunis comme ils ne l’ont jamais été dans notre Pays.
Aussi, en tant que dépositaire de l’héritage politique du père de notre indépendance et en tant que Président de son parti politique, nous désapprouvons cette façon de nous avoir embarqué de fait dans une nouvelle République que personne n’a souhaitée. C’est injustifiable.
Il se trouve que j’ai participé activement aux travaux préparatoires de la Conférence Nationale Souveraine de 1990. On ne peut pas, dans le sillage du Président Hubert MAGA, avoir vécu intensément des moments aussi particuliers, avoir vécu ces moments de quasi-suicide collectif et aujourd’hui fermer les yeux en voyant venir ce qui prend au fil des jours, les allures d’une marche forcée vers, á terme, une démocratie sans alternance ad vitam aeternam. Aucun démocrate digne de ce nom, témoin de cet évènement historique ne peut se réjouir de la trajectoire politique sur laquelle la Rupture nous entraine. L’expérience s’était déjà révélée dans un passé récent de notre pays, intenable dans la durée.
Devant Dieu et les hommes, si en 2016 on nous avait prédit que nous en arriverons là sur le plan strictement politique avec le Pdt Patrice TALON, le Parti politique du Président Hubert MAGA avec ma modeste personne en tête, ne l’aurait jamais cru jusqu’á voter et faire voter pour le Nouveau Départ. Errare humanum est, perseverare diabolicum.
Je le dis ici, avec la certitude de quelqu’un qui sait combien Monseigneur De SOUZA Paix á son âme, connaissant parfaitement les relations filiales entre les deux hommes, s’est appuyé sur le Président MAGA chaque nuit pour le lendemain, afin de convaincre le Président Mathieu KÉRÉKOU d’accepter les décisions qui se prenaient quotidiennement, pas á pas, dans la salle PLM d’Alédjo. Ce n’était pas évident. Á ce titre, je mesure l’ampleur du mal infligé á notre démocratie. Ce n’est pas supportable.
Ses principes de base tels qu’universellement reconnus et formellement approuvés urbi et orbi en 1990 par tout le peuple béninois, ne sont plus respectés.
Les trois pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire auparavant distincts, semblent bien en être devenus un seul et unique, sans séparation un minimum, perceptible.
La règle de la majorité n’a plus cours. Les dernières municipales l’ont foulé aux pieds.
Le pluralisme politique ne l’est plus que de nom contrairement á la décision du PLM Alédjo.
Les libertés d’opinion, d’expression, même celle d’entreprendre, n’existent plus en tant que telles, et sont devenues un risque sérieux pour qui entend en user dans notre Pays. Exit, la sécurité juridique. J’en ai fait les frais.
Face á cette disparition programmée de notre système démocratique, le PNDD-HM seul parti politique du septentrion á avoir refusé de se dissoudre pour ne pas renier tacitement jusqu’à l’existence même du père de l’indépendances son fondateur, ne peut plus demeurer sourd aveugle et muet. MAGA et ses illustres compères APITHY, AHOMADÉGBÉ sont ineffaçables dans l’histoire politique de notre Pays. C’est aussi pour cela qu’en sommeil depuis le 27 mars 2019, le PNDD-HM renaîtra de ces cendres après ce régime. Il considère qu’il est désormais de son devoir patriotique d’assumer sa part de responsabilité sociétale. C’est à dire rejoindre les rangs de ceux qui travaillent déjà, á la défense des acquis de notre CNS de 1990, seule façon pour ses militants de contribuer á l’union sacrée pour rétablir notre Bénin dans le concert des pays de droit.
“Sous quelque gouvernement que ce soit, la nature a posé des limites au malheur des peuples. Au-delà de ces limites, c’est ou la mort, ou la fuite, ou la révolte”. D. Diderot
Convaincu que dans l’état actuel de notre environnement sociopolitique tel que façonné á la faveur d’une réforme conceptrice de la Charte des partis politiques et du code électoral, il est clair qu’avec ou sans parrainage, récépissé ou pas, pour les élections présidentielles á venir, les chances de victoire de l’opposition paraissent á vue d’œil bien minces sinon nulles; si dès á présent, des actions citoyennes d’envergure comme celle que nous venons de vivre hier 31 octobre 2020, impérativement pacifiques, clairement lisibles par les opinions nationale et internationale n’étaient pas envisagées de façon permanente. Cette réforme assassine de notre loi fondamentale doit être purement et simplement suspendue ou pourquoi pas, écartée. À quoi rimerait de batailler pour juste obtenir le droit de participer á une compétition dont le règlement modulable á volonté n’est favorable qu’á celui qui l’a établi, de plus, sous la direction d’arbitres manifestement pas vraiment libres d’arbitrer ?
En matière de croissance d’un Pays soucieux du bien-être de ses habitants, nous croyons savoir au PNDD-HM qu’il n’y a pas un temps pour le développement des travaux publics et un temps pour le développement social ou encore un autre pour celui de l’éducation nationale. Pour être supportable par les populations, aucun secteur ne devrait être pris en compte au détriment de l’autre.
Monsieur le Président, le peuple a faim, le peuple veut du travail, le peuple veut sa liberté d’entreprendre. Penser et s’exprimer sont dans ses gènes. Ne l’en privez point. Les ménages les plus solides se brisent, faute de moyens, La jeunesse désespère et en arrive á l’irrémédiable suicide faute de perspective, c’est dramatique. Vous pouvez adoucir toutes ces peines. Écoutez-le, ce peuple, notre peuple, votre peuple, avant qu’il ne soit trop tard. J’ai vécu á Lomé, aux côtés du père de votre actuel homologue du TOGO, le règlement de pratiquement tous les conflits de la sous-région. Après celle de notre Pays, j’ai intimement vécu l’avant, pendant et l’après de la Conférence nationale de ce pays plus que frère. Au-delà des frontières, toutes ces crises avaient un dénominateur commun : le refus de se parler. C’est bien pour cela que je me permets quitte á subir votre colère de vous suggérer de faire une pause en vous rapprochant davantage des béninois d’en bas, ne laissez pas ériger un mur entre vous et eux. Chercher á entendre pour analyser par vous-même, vous pouvez encore prévenir cette colère qui gronde du fin fond de nos hameaux. Ce n’est jamais un bon signe.
” Sous un bon gouvernement, la pauvreté est une honte ; sous un mauvais gouvernement, la richesse est aussi une honte”. (Confucius). Tenez-en compte.
N’étant au PNDD-HM, ni simulateurs et encore moins dissimulateurs, nous soutenons totalement la manifestation du samedi 31 octobre 2020, organisée par les femmes les plus braves de nos villes et campagnes, en ce sens qu’elle a offert á tous, l’occasion d’exprimer sans haine ni violence, dans la paix et le respect absolu du bien public, dans l’ordre et la discipline, le sentiment de mécontentement général qui règne dans le pays. La bonne tenue de cette sortie force l’admiration et permet l’espoir que cet appel au secours retiendra l’attention.
Pour notre part, nous invitons toutes les forces vives de la Nation, Mouvements, Associations, Partis politiques nés avec la bénédiction de la CNS de 1990 ainsi que tous les hommes et femmes de bonne volonté, épris de paix et de justice au Bénin, á œuvrer pour qu’ensemble, nous réclamions d’une même voix dans une unité d’action, sans haine ni violence, sans relâche, jusqu’á ce que nous obtenions effectivement :
– Le rétablissement de la Constitution du 11 décembre 1990.
– Le rétablissement de la charte régissant la vie des partis politiques et du code électoral tels qu’en vigueur en 2016.
– L’abrogation des lois sur l’emploi, sur le numérique, sur la création de la CRIET ;
– Le retour au pays de tous les béninois contraints à l’exil volontaire ou non.
– La libération de tous les détenus politiques.
– La tenue d’un véritable dialogue national inclusif.
Chers compatriotes, en mémoire des mânes de nos ancêtres et des pères fondateurs de notre République, Sourou Migan APITHY, Justin Tometin AHOMADÉGBÉ, Hubert MAGA, du premier artisan de la CNS de 1990, Mathieu KÉRÉKOU, nous avons le devoir sacré pour le bonheur et la dignité de notre Pays de ne pas les trahir. Le monde entier nous observe.
“Je vous laisse en héritage ma lutte, pour que plus jamais le sang ne coule dans notre Pays”. Hubert MAGA
Vive la Démocratie pluraliste au Bénin !
Vive le courage exemplaire de mes compatriotes béninoises !
Vive le Bénin !
Joseph SADELER
PDT DU PNDD-HM du père de notre indépendance.
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