Emigré de la région du Niger, le peuple dendi forme un groupe socio-culturel très influent qui s’est imposé par sa langue et sa foi. Mais leur origine remonte à lempire Songhay.
Le terme dendi prête à équivoque. Son étymologie est difficile à établir. Dans la langue songhay, ce mot signifie littéralement traverser le fleuve en aval ou naviguer en suivant le fil de l’eau. Le terme finit par signifier le point cardinal Sud dans l’orientation des populations songhay au cours de leur migration.
Aussi, les résultats du 4ème séminaire national, qui a eu lieu dans les années 1980 sur le thème la Nationalité dendi, origine et culture; montrent-ils que la nationalité dendi a pour origine l’empire Songhay dont les villes Tombouctou, Djenné et Gao ont eu une brillante civilisation. D’après N. ARIFARI BAKO, les Griots situent la venue des Dendi dans le Borgou ancien qui commence à partir des pays Mɔkɔlé au Sud de Guéné et s’étend jusqu’à Parakou à l’époque de l’expansion d’ASKYA Mohamed. Après les défaites successives des Songhay contre le Borgou, des éléments de ce groupe socio-culturel islamisé se seraient établis à Pèrèrè. Ce noyau songhay-zarma serait à l’origine du peuplement dendi initial au Sud-Borgou. Ce furent eux qui ont émigré à Parakou pour créer le quartier Yǎrà kɛ́nɛ̀.
Les Dendi auraient fait leurs premières infiltrations à Djougou (Zougou-Zougou qui signifie forêt en dendi) entre le XVe et le XVIe siècles. Mais leur implantation s’est effectivement achevée avec le commerce caravanier qu’ils entretenaient au XIXe siècle avec les pays haoussa du Nigéria et les cités productrices de cola du Ghana comme, Yendi, Salaga et Kitampo. L’essor de la ville de Djougou serait dû à cet important négoce.
Très peu agriculteurs, les Dendi pratiquent jusqu’à présent le commerce qui demeure leur principale activité économique. Vivant dans les centre urbains, ils sont désignés par le sobriquet /wàngàrànze yo/ les citadins.
Fervents et inconditionnels de l’islam, ils ont converti beaucoup de princes grâce à leur esprit de tolérance et surtout aux prêches islamiques.
L’assimilation de la culture islamique a fortement altéré leurs pratiques culturelles au point qu’aujourd’hui, il est difficile de distinguer les éléments culturels dendi des éléments culturels de l’Islam. Au contact de ce dernier, la culture dendi a connu de profondes mutations. Les préceptes islamiques deviendront ses normes. Aucune croyance, aucune pratique ne saurait avoir un sens si elle n’est pas justifiée par l’Islam, c’est pour cette raison que M. DRAMANE (1993 : 9) écrit que La culture arabe et islamique a entièrement absorbé celle des Dendi à telle enseigne que le Dendi est synonyme de musulman. Le XIXe siècle prend donc en pays dendi, les couleurs de la religion musulmane triomphante dans toute sa rigueur où les loisirs profanes n’ont pas leur place, ou peu. Un certain mimétisme se développe avec frénésie d’autant plus qu’on vient de la campagne, ou de plus loin, ou qu’on est nouvellement converti. Il faut, se comporter comme les orientaux, arabes ou non. C’était le temps des ancêtres yéménites dans les grandes familles islamisées de la ville. La nomination devient strictement arabe. Les notions de noms et de prénoms se confondent; on évacue les noms d’origine mandingue, yom, lokpa, baatɔnu, songhay ou haoussa.
Cette influence de l’arabe se situe aussi au niveau lexical. On comprend alors pourquoi M. DRAMANE (1993 : 12) écrit: L’influence de la culture arabo-islamique est très remarquable à travers les patronymes et le lexique dendi… Dès lors, la vie quotidienne est rythmée par des heures de prières, des mariages, des baptêmes sous la direction des alfa, la classe sociale éclairée. Les grands moments de l’année chez les Dendi sont ceux de l’Islam: le Ramadan, les fêtes de l”Aïd-el-fitr et de l Aïd-el-kebir, le Maouloud et le nouvel an musulman (10ème jour du mois du calendrier musulman) au cours duquel il y a retraite au flambeau que les Dendi appellent nìnɛ̀ fúru.. Ainsi, s’oublièrent progressivement les racines culturelles, voire certaines traditions de l’origine d’importants groupes humains.
Source : SANI ALAZA B., Roukéiyat, << La fonction sociale des proverbes en Dendi >>, Mémoire de maîtrise, Université d’Abomey Calavi, FLASH, Département des Sciences du Langage et de la Communication, 2012.
Faradj ALI YAROU