À côté de la gestion de la pandémie du Covid-19, des réflexions se mènent depuis quelques jours sur la prévention du désastre économique qui s’annonce pour des Nations fortement liées aux institutions de Bretton wood. Les discussions sont le plus focalisées sur deux théories nées de ce débat qui déchaîne les passions. Reendettement” et ”moratoire”.
Des dirigeants de pays, des acteurs d’institutions financières ou des économistes, tous préoccupés par la survie économique des pays en développement notamment africains dont les ressources financières se trouvent affectées du fait de crise sanitaire planétaire au Covid-19, posent des diagnostics autour de ces deux terminologies et proposent, selon chacun l’option la plus avantageuse. Au nombre des voix qui s’élèvent, en provenance du Bénin pour analyser le sujet figure celle de Nourou Dine Saka Saley. Ce jeune acteur politique du pays, anciennement conseiller technique du Ministre Béninois du Plan et de Développement, comme il en a l’habitude, n’a pas fait de la dentelle pour dire son opinion sur les différentes théories de reendettement ou de moratoire. Tout en restant favorable à la thèse prudentialiste à travers une solution du moratoire qui permet aux États de pas dédier leurs ressources internes au remboursement de leurs dettes, le juriste et analyste économique trouve la nécessité de passer à l’évaluation de la situation pays par pays.
L’analyste doute de la capacité à faire des projections dans l’avenir sur le plan économique dans un contexte de chute drastique des valeurs du baril de pétrole.
Se référant au cas du Bénin, son pays, Nourou Dine Saka Saley à travers une publication sur le réseau de Mark Zuckerberg, Facebook, pense que la crise de la Covid-19 masque la difficulté économique bilatérale liée à la fermeture des frontières nigérianes.
Lire l’intégralité de son analyse postée sur sa page Facebook.
Loukoumane WOROU TCHEHOU
Analyse de Nourou Dine Saka Saley
Réendettement contre Moratoire : lequel va réussir à faire payer les populations ?
Si les pays en général, et africains en particulier, ne savent pas quel sera l’état de leurs économies dans la perspective de cette crise sanitaire, et forcément économique et sociale, une chose est certaine à minima, c’est qu’ils savent tous ce qu’ils seront exposés à des dépenses qui sont immédiates et incontournables.
Ils ont donc besoin de ressources. La grande différence entre les pays est de savoir s’il s’agit de ressources supplémentaires, ce qui suppose un socle interne à renforcer, ou s’il s’agit de compter prioritairement (voire exclusivement) sur les ressources extérieures parce que les ressources internes seraient quasi inexistantes.
Pour preuve, la réactivité sociale des pays à travers les mesures d’accompagnement n’a pas été la même d’un pays à l’autre. Loin de traduire une approche de gestion différente, la cause principale est la disparité dans les ressources disponibles au sein des caisses de chacun des pays.
La décision de préférer donc un réendettement à un moratoire sur le remboursement des dettes en cours, dépend donc de la capacité en ressources propres actuelles de chaque Etat.
Le débat sur la sur les différentes théories de ré endettement ou de moratoire, qui se passe actuellement je crois personnellement qu’il faille l’avoir en évaluant la situation pays par pays.
La thèse prudentialiste, pour laquelle j’ai un penchant, propose plutôt d’aller vers la solution du moratoire qui a le mérite de permettre aux Etats, et dans l’immédiat, de ne pas dédier leurs ressources internes au remboursement. Un tien vaut mieux que deux, tu l’auras dit on.
Un pays ne peut courageusement prôner l’endettement que s’il a une connaissance et une capacité suffisante de pouvoir se projeter dans l’avenir et pouvoir décider de s’endetter ou pas. Enfin c’est à espérer. Et si le Bénin fait cette option, il faut s’en flatter car ce serait la preuve de notre robuste économie malgré les effets imprévisibles de la crise liée au Covid.
Mais aujourd’hui, qui peut sereinement se projeter dans l’avenir sur un plan économique, là où le baril de pétrole connaît des valeurs négatives ?
Dans le cas de notre pays, la crise du Covid est venue un peu couvrir une difficulté économique bilatérale, certaine dans ses effets et incertaine sur sa durée, liée à la fermeture des frontières avec le Nigéria, et qui diminuait les ressources internes.
Si au regard des multiples recours au marché financier sous régional, notre capacité d’endettement via ces instruments financiers seulement ne semble pas mise à mal, cela ne présage cependant pas d’une capacité de remboursement sereine.
Ma précision sur le traitement spécifique de l’endettement à travers les instruments financiers sous régionaux (emprunts, OAT…) n’est pas anodine.
Un recours aux emprunts à des taux concessionnels auprès des institutions de Bretton woods, dans ce contexte de crise du Covid, aiderait forcément à restructurer les endettements antérieurs via emprunts et autres.
Emprunter à 0% pour rembourser les emprunts effectués à 6 ou 7%.. Astucieux.
Il faut plutôt se poser la question réaliste : Avons nous dans nos caisses de quoi faire face immédiatement au revers économique et social des crises qui nous frappent, c’est à dire celle sous régionale issue du Nigeria et celle mondiale liée au Covid ? Ou alors doit on d’abord compter sur l’endettement et le réendettement ?
Seul un béninois devin peut nous répondre à la question, sachant que le peuple n’a qu’un seul choix : travailler pour payer quel que sera le gagnant entre le réendettement et le moratoire.
Notre monde ne sera plus le même….sur tous les plans et tous les rapports de force antan connus.