Le Bénin toujours mauvais élève en matière du respect de la liberté de la presse. Selon le rapport 2020 de Reporters sans frontières publié ce lundi 20 avril, le Bénin occupe cette année la 113ème place sur 180 pays. Le pays recule ainsi de 17 places dans le classement par rapport à l’année dernière. En 2019, le Bénin occupait la 96ème position. Cela après avoir perdu 12 places entre 2018 et 2019. Au nombre des raisons qui ont valu au Bénin cette place figurent la fermeture d’organes de presse et l’emprisonnement d’un journaliste, renseigne le rapport. Lequel rapport incrimine aussi le code du numérique qui constitue une menace pour la liberté d’expression. Lire ci-dessous l’intégralité des motifs du classement de Rsf.
Avec plus de 70 radios, une soixantaine de titres de presse et une quinzaine de chaînes de télévision, le Bénin dispose d’un paysage médiatique parmi les plus pluralistes de la région, et les journalistes béninois bénéficient d’une liberté d’expression certaine. Mais depuis l’accession au pouvoir en 2016 du président Patrice Talon, les activités de l’opposition sont très peu couvertes par la télévision d’État, et les médias sont sous étroite surveillance. Des « notes de cadrage » définissant des angles de traitement relevant très largement de la communication pro-gouvernementale sont envoyées aux rédactions après certains conseils des ministres. En 2018, la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) a suspendu pour une durée indéterminée un célèbre journal proche de l’opposition. Sikka TV, qui appartient à Sébastien Ajavon, principal adversaire politique du président Patrice Talon, est toujours privée d’antenne, malgré une décision de justice de mai 2017 demandant sa réouverture. En 2019, la radio Soleil FM, qui appartient aussi à M. Ajavon, a été contrainte à la fermeture et à se séparer de ses journalistes après que la HAAC a refusé de lui renouveler sa licence. Plusieurs journalistes et blogueurs ont été poursuivis depuis l’adoption, en avril 2018, d’une loi portant code du numérique, dont certaines dispositions répressives entravent la liberté de la presse en criminalisant les délits de presse en ligne. En vertu de cette loi, un journaliste a été condamné à 18 mois de prison ferme pour avoir rapporté, sur les réseaux sociaux, des propos du procureur de la République. C’est la première fois en Afrique de l’Ouest qu’un journaliste se retrouve en prison pour avoir relayé sur les réseaux sociaux des propos qui ont pourtant bien été tenus.
Rapport Rsf 2020
Leparakois.