Il aura été prévenu. Talon, convaincu de sa vision, à la tête du Bénin depuis 2016, a fait fi de toutes les observations et suggestions de gouvernance démocratique. Le pays autrefois îlot de la stabilité politique en Afrique de l’ouest, a brutalement rompu avec des pratiques de la gouvernance démocratique. Longtemps dénoncée en interne, la dégradation des règles démocratiques a atteint des propositions au point de provoquer des réactions extérieures. La récente qui a valeur d’une sanction est celle relative à l’accord du compact Millenium Challenge Corporation des États-Unis.
Par une décision en date du 14 décembre 2021, le conseil d’administration du Millenium Challenge Corporation, annonce la réduction significative de son enveloppe pour le financement des projets au Bénin. Par cette décision, Washington exprime son désaccord de la gouvernance démocratique de Cotonou. Elle intervient alors que le Département d’État américain dénonçait l’ingérence de la politique dans le système judiciaire béninois, à la suite des condamnations des opposants Joël Aïvo et Reckya Madougou ainsi que leurs coaccusés.
«Nous sommes alarmés par la poursuite de l’érosion de l’espace dévolu à la dissidence, par l’accroissement général des restrictions à l’autogestion participative et à la liberté d’expression, et par le ciblage systématique des figures de l’opposition politique. Démontrer aux citoyens et aux partenaires internationaux du Bénin que le système judiciaire ne sera pas utilisé à des fins politiques est essentiel pour restaurer la réputation dont jouissait auparavant le Bénin en tant que leader régional en matière de gouvernance démocratique et d’état de droit», a déclaré le département d’État américain au lendemain des condamnations de la Criet contre le constitutionnaliste Aïvo et l’ex ministre de la justice Madougou, tous candidats recalés à l’élection présidentielle de 2021.
Avant cette décision qui risque d’avoir des répercussions sur la réalisation des projets de développement, le Bénin a été récemment écarté du sommet mondial sur la démocratie. Le pays de Patrice Talon continue ainsi d’essuyer les revers de ses options politiques imprimées depuis 2016.
L’Ofpra tirait la sonnette d’alarme.
En octobre 2020, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides avait retiré le Bénin de la liste des “pays d’origine sûrs” pour une durée d’au moins douze mois. Cette décision a été motivée par la situation des libertés publiques et politiques dans ce pays d’Afrique de l’ouest.
Le rappel à l’ordre de juridictions internationales notamment la cour africaine des droits de l’homme et des peuples (Cadhp) a travers ses nombreuses décisions contre l’État béninois ont été toutes ignorées par le pouvoir de Cotonou. Les dernières condamnations prononcées contre les acteurs politiques de l’opposition auxquelles les USA ont réagi, apparaissent comme la goûte d’eau qui fait déborder le vase. Face aux premiers effets de ses choix, Patrice Talon se rendra compte des risques du modèle de sa gouvernance.