Le parlement béninois a voté, ce jeudi 21 octobre 2021, la loi sur l’interruption volontaire de grossesse. Le pays devient ainsi le cinquième pays africain à accordé cette autorisation aux femmes. Mais à peine cette loi modificative adoptée que des voix s’élèvent.
Les femmes béninoises peuvent désormais décider de se faire avorter si elle le souhaite. L’adoption de cette loi modificative de la loi n°2003-04 du 03 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction fait du Bénin le cinquième état africain à avoir franchi cette ligne considérée comme rouge en Afrique. Avant le Bénin, la Tunisie, le Cap-Vert, le Mozambique et l’Afrique du Sud l’ont déjà fait. Le vote s’est fait à l’unanimité des députés présents.
L’article 17-2 de cette nouvelle loi dispose qu’ « à la demande de la femme enceinte, l’interruption volontaire de grossesse peut être autorisée lorsque la grossesse est susceptible d’aggraver ou d’occasionner une situation de détresse matérielle, éducationnelle, professionnelle ou morale incompatible avec l’intérêt de la femme et/ou de l’enfant à naître ».
Pour les défenseurs de cette légalisation est à saluer. Quelques heures après ce vote, le ministre de la santé Benjamin Hounkpatin l’a fait savoir lors d’un point de presse. « L’acte qui est posé doit être perçu comme une mesure de santé publique dont l’unique objectif est de sauver des vies humaines. Cette mesure vient soulager les peines de nombreuses femmes qui, face à la détresse d’une grossesse non désirée, se trouvent obligées de mettre leur vie en jeu par des pratiques d’interruption de grossesse dans des conditions non sécurisées », a-t-il expliqué s’inscrivant dans la même logique que les députés. Pour Angela Kpeidja, journaliste spécialiste des questions de santé ce vote est un acte historique. Elle estime qu’en sécurisant cet acte hautement médical, les députés offrent une protection de plus à la femme et la rendent véritablement actrice de sa propre santé.
L’Eglise catholique déçue…
L’Eglise catholique à travers la Conférence épiscopale est la première institution morale a s’opposer à l’adoption de cette loi. Dans une déclaration le 19 octobre, elle a exhorté les parlementaires à voter contre. Ce vendredi, 24h après le vote, déçue la Ceb a exprimé sa déception. Son Président, Monseigneur Victor Agbanou a, dans une autre déclaration, appelé les fidèles catholiques et des autres confessions religieuses à observer une journée de prière et de jeûne, le vendredi 29 octobre 2021 et à ne pas baisser les bras dans la lutte pour la défense et la protection de la vie. Car, soutient il, la vie est sacrée. Et seul Dieu est maître de la vie et peut en disposer.
Le Professeur du Fâ, David Koffi Aza, a aussi réagi sur l’acte posé par les députés. En direct sur la chaîne de télévision E-Télé, jeudi soir, il a dit que les députés ont perdu de vue la dimension spirituelle de l’avortement. D’après ses explications, des femmes qui ont pratiqué l’avortement par le passé seraient même contre une telle initiative puisqu’elles ont tous les problèmes spirituels de ce monde qu’elles trainent. Si vous pouvez poser la question à celles qui l’ont déjà fait par le passé, elles vous diront les problèmes que ça a suscités dans leur vie. David Koffi a pour finir préconisé le renforcement de l’éducation sexuelle des femmes et des jeunes filles.
F.A.Y