Dans une tribune percutante publiée sur sa page Facebook, Adiza Arouna, conseillère municipale de Parakou et vice-présidente du REFELA Bénin, relance avec audace le débat sur les modèles conjugaux en Afrique. S’appuyant sur une déclaration récente de la députée-maire ivoirienne Naya Jarvis Zamble — qui affirme être prête à intégrer un foyer polygame —, l’élue béninoise pose une question dérangeante mais lucide : et si nous arrêtions de faire semblant ? Si, au lieu de défendre une monogamie idéalisée, nous osions reconnaître les formes multiples de relations conjugales qui structurent, parfois silencieusement, nos sociétés ?
Adiza Arouna ne fait pas l’apologie de la polygamie. Elle ne rejette pas non plus la monogamie. Son plaidoyer est avant tout un appel à la vérité, à la fin de l’hypocrisie, à la reconnaissance des vécus réels. Car dans les faits, écrit-elle, de nombreuses femmes vivent dans des unions parallèles, sans statut, sans protection, tandis que leurs partenaires mènent des doubles vies plus ou moins assumées. “Nous voyons. Nous savons. Nous souffrons parfois, nous tolérons souvent”, confie-t-elle, avec une lucidité qui résonne avec les expériences de nombreuses femmes africaines.
Loin des oppositions stériles entre Afrique et Occident, modernité et tradition, la conseillère appelle à repenser les cadres conjugaux selon les réalités sociales locales. Elle invite à ouvrir la voie à des unions choisies, transparentes, dans lesquelles les partenaires définissent eux-mêmes les termes de leur engagement. Elle évoque l’exemple du Sénégal où la polygamie, bien qu’encadrée légalement, garantit certains droits aux femmes. Pour elle, c’est justement ce manque de cadre clair et assumé qui expose de nombreuses femmes à la précarité affective et sociale.
“Ce n’est pas un recul, c’est une forme de lucidité”, conclut Adiza Arouna. En posant cette réflexion courageuse, elle ne cherche pas à trancher un débat millénaire, mais à faire émerger un dialogue sincère. Celui qui permettra à l’Afrique contemporaine de forger ses propres modèles conjugaux, équilibrés, respectueux, et en phase avec ses réalités profondes.