Alors que l’appel à des élections inclusives et apaisées fait désormais l’unanimité dans le discours politique béninois, une question centrale semble être éludée par une frange importante des acteurs : celle de la révision du code électoral. Les soutiens du pouvoir, pour la plupart, insistent sur la nécessité de garantir la paix, d’organiser des élections transparentes et ouvertes à tous. Mais ces appels, aussi légitimes soient-ils, restent incomplets s’ils ne s’accompagnent pas d’une prise de conscience sur la source principale des crispations politiques actuelles : le code électoral en vigueur.
Pour l’opposition, la situation est claire : tant que certaines dispositions du texte électoral actuel ne sont pas revues, il sera difficile de parler de compétition ouverte ou d’inclusion véritable. En effet, plusieurs articles de ce code sont considérés comme des obstacles majeurs à la participation équitable de toutes les forces politiques. Des seuils électoraux jugés excessifs, des conditions d’éligibilité restrictives et des règles de parrainage biaisées sont régulièrement dénoncés. Ces éléments, qualifiés de “chrysogènes”, c’est-à-dire porteurs de tensions et de crises, rendent inévitable, selon plusieurs voix de l’opposition, une réforme profonde et urgente.
Ce n’est pas un hasard si des figures comme Me Adrien Houngbédji, ancien président de l’Assemblée nationale, ont récemment reconnu que sans une révision du code électoral, le pays pourrait s’acheminer vers des “élections wahala”, autrement dit à haut risque de troubles et de rejet populaire. La simple solution pour prévenir une telle dérive est donc là, sous les yeux de tous : rouvrir le débat sur le cadre légal des prochaines échéances électorales. Ce serait non seulement un geste d’apaisement, mais aussi une preuve concrète de volonté de construire un avenir politique fondé sur la justice et l’équité.