Depuis son exil, Essowé Batamoussi, ex juge de la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (Criet), revient à la charge. Le jeudi 23 décembre, il a réagi à la récente condamnation de l’opposante Reckya Madougou, à 20 ans de réclusion criminelle et 50 millions d’amende pour complicité d’actes terroriste. En exil depuis le 1er avril dernier en France et invité sur la chaîne de télévision TV5 monde, Essowé Batamoussi a notamment dénoncé une « injustice » dans cette affaire. Il va ensuite évoquer les raisons de sa fuite, liées à « l’ingérence politique dans le système judiciaire béninois ».
Essowé Batamoussi ne s’est en aucun cas fait prier de dénoncer une fois de plus « le manque d’indépendance de la justice » au Bénin. Il pense que l’exécutif en a fait son credo avec l’installation de la Criet, pour mettre hors-jeu certaines personnalités politiques.
Et justement, en évoquant la situation avec l’opposante Reckya Madougou, Essowé Batamoussi n’y trouve aucune surprise. Il considère que le sort de cette dernière était déjà scellé dès son arrestation.
Cette condamnation, il fallait s’y attendre. Je n’étais pas surpris qu’on en arrive là parce-que la Criet ne pouvait pas se dédier. Comme j’avais eu à le dire, dans ce dossier, il n’y avait pas d’éléments à charge. (…) Le dossier était complètement vide.
a-t-il affirmé.
Il poursuit en précisant que ce n’est qu’un « acharnement » contre l’ancienne ministre, de la part du pouvoir en place. Il a par ailleurs cité les consignes directes reçues de la part du Ministre de la Justice, en ce qui concerne le traitement de cette affaire.
Qu’est-ce que vous êtes en train de faire ? Pourquoi est-ce que vous êtes en train de lambiner ? Mais placez-la en détention et quittez les lieux pour votre propre sécurité.
affirme le juge Batamoussi, en citant les propos du Ministre de la Justice.
« La Criet se trouve au Ministère de la Justice », dixit Essowé Batamoussi
Le juge a également évoqué les accusations du gouvernement à son endroit, d’être de mèche avec l’opposition. Ce qu’il balaie bien évidemment du revers de la main. Rappelant la masse salariale juteuse dont jouissent les juges de la Criet, il considère insensé le fait de collaborer avec l’opposition pour ses intérêt personnels. Il poursuit en martelant que la Criet n’est qu’une sorte de façade pour juste « valider » les décisions prises au Ministère de la Justice.
… La Criet qui est à Porto-Novo n’est que figurante. La Criet se trouve au Ministère de la Justice. C’est là où sont prises toutes les décisions. Et à la Criet de Porto-Novo, de valider les actes pris à la chancellerie.
précise-t-il
Pour finir, l’ex-juge précise que son acte n’était guidé que par sa conscience. Il a également tenu à défendre le timing de sa fuite qui n’est liée simplement qu’à ses obligations de salarié vis-à-vis de l’Etat.