Son nom a été cité à la Criet, le 10 décembre dernier par Reckya Madougou accusée de financement du terrorisme dans le cadre de l’élection présidentielle du 11 avril 2021. Rachidi Gbadamassi aurait au nom d’un collège de députés, promis les parrainages à la candidate Madougou contre une somme importante. Contre toute attente, à la suite de ces déclarations, ”le buffle du Borgou” -comme il aime se faire appeler- entretient un silence pour le moins surprenant. Une posture qui sonne comme un fait extraordinaire, connaissant la promptitude avec laquelle il réagit à toute situation, même quand celle-ci ne le lie pas directement.
«En février 2021, Rachidi GBADAMASSI, Mama Sanni, Souwi et Nazaire Sado m’ont annoncé que le Chef de l’État a finalement autorisé certains de ses députés de l’Assemblée Nationale monocolore de parrainer les candidats de l’opposition. Notamment ceux qui avaient eu le courage de lui indiquer qu’ils souhaitent me parrainer (Mama Sanni en tête). Le Chef de l’État, après avoir demandé à ceux qui désirent le parrainer de lever le doigt et ayant aussi relevé que certains s’étaient manifestés comme disposés à me parrainer, aurait accordé à ces derniers (suite au doigt levé par Mama Sanni), la liberté de me parrainer. Ces députés m’ont dit que cela s’est déroulé au cours d’au moins deux réunions de crise convoquée par le Président Talon sur la question du parrainage, courant février 2021.
Suite à ces deux réunions avec le Chef de l’État dont lesdits députés nous rendaient compte au fur et à mesure, ils m’ont demandé et obtenu de ma part 70 000 000 de FCFA pour se rendre sur le terrain, dans leurs diverses circonscriptions électorales en vue d’informer leur militant de la candidature qu’ils étaient sur le point de parrainer et motiver leur choix», a déclaré à la barre Reckya Madougou.
Alors que beaucoup s’attendaient à une réplique, le député de la huitième a préféré d’observer la politique du silence, contrairement à ses collègues comme Nazaire Sado qui a aussitôt animé un point de presse pour livrer sa version. Sans cacher ses intentions et choix politiques, Tidjani Affo Obo à la veille de la présidentielle avait déclaré vouloir accorder son parrainage à la candidate Madougou. Quant à Gbadamassi, l’on retient certes de ses frasques en mars présentant Reckya Madougou comme celle qui voulait déstabiliser le régime Talon, mais le député a manqué d’éclairer l’opinion sur cette rocambolesque affaire d’escroquerie politique qui se chiffre à plusieurs dizaines de millions de francs CFA. Serait-ce un silence culpabilisant ? Autrement, cela contraste avec les pratiques auxquelles il a habitué ses admirateurs.
Spécialiste en critiques et attaques d’une rare férocité sans réserve contre ses adversaires politiques, l’on se souvient du dossier Ebomaf ou celui de dépassement de fonds de campagne agité contre Yayi qu’il avait pourtant défendu bec et ongles. Plus d’une semaine après cette renversantes révélations, motus chez l’auto- déclaré candidat à la présidentielle pour la succession de Patrice Talon. Curieux silence du député Rachidi Gbadamassi.
Versatilité, instabilité et transhumance, des traits distinctifs des milieux politiques béninois, qui caractérisent le parcours sinusoïdal de plusieurs acteurs politiques. Rachidi Gbadamassi, pourrait décrocher la palme d’or en la matière. L’homme, à la moindre alternance au palais de la Marina, n’éprouve aucune gêne à lécher les bottes de son adversaire d’il y a quelques heures.