Le gouvernement du président Talon, dans la mise en œuvre de sa décision de nomination des recteurs et leurs équipes à la tête des universités publiques au Bénin, vient de lancer des appels à candidature. Par communiqué, il est demandé à ceux qui voudraient diriger les hauts lieux de savoir de déposer leurs dossiers de candidature pour étude. Cette nouvelle formule décidée par la rupture en remplacement au processus démocratique jusque-là pratiqué en milieux universitaires, suscite des réactions dans le rang des acteurs concernés. Reçus en entretien par nos confrères de Tanéka Média, plusieurs universitaires qui ont requis l’anonymat vantent les mérites de cette option du gouvernement béninois mais en font également des propositions pour son aboutissement.
Selon une source anonyme, l’élection des recteurs a généré des systèmes de clans, de castes et des réseaux de facilitation d’attribution de titres de docteur. <<Tous les docteurs et tous les intervenants dans les universités étant amenés à voter, plus on en fait, plus on a des électeurs>>, fait observer l’interlocuteur de Tanéka Média avant de poursuivre que <<ceux qui vous accompagnent en vous élisant, non seulement sont vos obligés mais après vous font des chantages, et lors des attributions des postes, la compétence n’est plus de mise mais c’est l’activisme>>. <<Et nous tombons dans la politique politicienne au sommet de l’enseignement supérieur>>, déplore-t-il. C’est donc pour résoudre ce problème, que le gouvernement, justifie un autre universitaire, a décidé de mettre fin à l’élection des recteurs en copiant ce qui se passe dans les grandes nations comme en Grande Bretagne, aux USA, en France, en Irlande… Cependant, il soulève que, connaissant le Bénin et les liaisons compromettantes avec la politique, on devrait pouvoir se poser la question de savoir si les prochains recteurs ou présidents d’universités ne seront pas les pieds et mains liées sous la dévotion et aux bonnes volontés de l’exécutif et du Chef de l’État.
Pour régler cette question, la configuration du conseil d’administration sera déterminante, observe-t-il avant de préconiser la présence des différents partenaires étrangers plus visibles et plus actifs, devraient être en surnombre face aux membres du gouvernement.
Tout en saluant cette vision de l’exécutif, il est suggéré la composition du Conseil d’administration. <<Il devrait être composé de partenaires techniques, financiers, des bailleurs et des promoteurs de grandes entreprises>>, proposent des acteurs de l’enseignement supérieur. Au regard des infrastructures qu’ils réalisent sur les campus du Bénin, ce sont les partenaires étrangers tels que la coopération européenne, coopération Allemande, Marocaine, des universités francophones, la Banque Mondiale, l’Oms, les compagnies de téléphonie mobiles, l’UEMOA, les associations des consommateurs qui devraient siéger dans cet important conseil d’administration. Aussi ajoute un professeur, <<on devrait y avoir la chambre de commerce, le patronat, les associations de producteurs, de banquiers, l’ordre des médecins, l’ordre des pharmaciens, des architectes, des ingénieurs civils ….tous ceux-là devraient être plus nombreux, pour justifier que nous sommes en train d’aller de l’avant de nous rendre indépendants des pressions>>.
Pour éviter, le clientélisme, la politisation et le népotisme dans la nomination de ces responsables des universités publiques au, le gouvernement tiendra-t-il compte de ces propositions pour réussir sa réforme? La suite édifiera l’opinion.