La redoutée opposante au régime Talon, Réckya Madougou mobilise des géants de la zone ouest-africaine et des avocats au barreau français. Interpelée à environ un mois avant l’élection présidentielle, Réckya Madougou détenue depuis environ un mois avant l’élection présidentielle, est au cœur d’une importante mobilisation à l’étranger. Hormis des chefs d’Etat de la région qui portent en estime la candidate, porte-étendard du parti ”Les Démocrates” accusée de ”financement du terrorisme” par le pouvoir, le richissime homme d’affaires Mahamadou Bonkoungou et l’avocat Antoine Vey, ex-associé du ministre français de la justice Eric Dupond-Moretti, se mobilisent en sa faveur, a appris LeParakois de source bien introduite.
En soutien à ses avocats béninois, l’entourage de l’opposante Reckya Madougou, incarcérée depuis le 5 mars dans la prison civile de Missérété, se voit renforcé par les services de l’avocat français Antoine Vey, associé historique de l’actuel ministre de la justice français, Eric Dupond-Moretti. Vey doit travailler avec l’avocat Mario Stasi, président de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), engagé lui aussi fin mars pour internationaliser la défense de l’opposante. Cette dernière a successivement été ministre de Thomas Boni Yayi au Bénin, puis conseillère du président togolais Faure Gnassingbé, avant de se lancer dans la course à la présidence du Bénin.
L’intérêt porté par les chefs d’Etat de la sous-région au sort de Reckya Madougou a d’ores et déjà contraint la présidence béninoise à entamer de discrètes tractations. L’imam Malick Boukari Moutawakil a notamment été mandaté pour négocier avec les proches de l’opposante les conditions d’une éventuelle libération.
L’oligarque Mahamadou Bonkoungou est aussi perçu comme le parrain de la pénitencière de Missrété. Outre ses accès VIP dans les présidences ouest-africaines (elle est aussi très proche du chef d’Etat sénégalais Macky Sall, Reckya Madougou est également proche de l’oligarque burkinabè Mahamadou Bonkoungou, actif dans le BTP ( Ebomaf), le transport aérien ( Liza International) et la banque ( International Business Bank) dans toute la sous-région.
Une proximité qui inquiète beaucoup le président Patrice Talon, réélu le 13 avril dès le premier tour, oligarque lui-même, et très attentif aux questions de financement dans les campagnes électorales. Le dirigeant béninois a personnellement interpellé Bonkoungou sur le dossier Madougou et rechigne désormais à voyager à bord des avions de Liza International. Pire. Instruction aurait été donnée à Romuald Wadagni, le ministre de l’économie et des finances et cousin du président béninois, de revoir certains contrats d’Ebomaf dans le pays.
Paranoïa sur les financements
Les liens entre l’opposante et les hommes d’affaires et chefs d’Etat de la région qui la soutiennent sont d’autant plus suspects aux yeux de la présidence béninoise que le financement de sa campagne est au cœur des accusations visant Reckya Madougou. Celle-ci a été arrêtée à l’issue d’un meeting le 5 mars, sur ordre de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). Cette instance, déjà en pointe dans le dossier contre Sébastien Ajavon, l’accuse d’avoir voulu financer des “attentats” contre des personnalités béninoises.
Pièce centrale du dossier : un versement de 15 millions de francs CFA (230 000 €) que Reckya Madougou aurait confiés, via son collaborateur – et opposant comme elle – Georges Sacca, à un colonel de gendarmerie à la retraite pour “exécuter une mission d’élimination physique de personnalités politiques”, affirme la cour. L’opposante et sa défense plaident, pour leur part, que cette somme devait simplement financer la mobilisation de militants.